Alors que notre pays traverse une crise grave, inédite par son ampleur et ses modes d’expression, mettant en évidence des inégalités profondes dans notre société et un sentiment d’abandon d’une grande partie de la population, l’aspiration à plus de justice sociale est forte. Un mouvement de contestation inscrit dans la durée et évoluant vers des revendications structurées autour des problèmes de pouvoir d’achat, de justice fiscale et sociale, d’accès aux services publics, d’exercice de la démocratie a vu le jour. Malheureusement, les réponses apportées par le gouvernement ne sont pas à la hauteur des enjeux. Le mépris affiché pour les corps intermédiaires, la minoration constante des mouvements sociaux et la mise en place de réformes aggravant les inégalités ont conduit à la situation d’aujourd’hui.
Améliorer la cohésion sociale et défendre les valeurs qui fondent le modèle social exige des services publics renforcés dans leurs moyens et leurs missions, avec des agents reconnus, confortés dans leurs statuts et leurs carrières. Or, le projet de réforme de la Fonction publique dit CAP 2022 ne va pas dans ce sens puisqu’il prône notamment le développement de la contractualisation au détriment du statut, une rémunération « au mérite » assise sur des critères antinomiques à ceux du service public, la remise en cause des CAP et la disparition des CHSCT, alors que les personnels viennent de réaffirmer leur attachement au paritarisme lors des élections professionnelles, des départs volontaires vers le Privé…
Le ministère de l’Éducation nationale n’est pas en reste lorsqu’il tente de dissimuler le nombre réel de suppressions de postes tout en se préparant à modifier le statut des enseignants pour leur imposer deux heures supplémentaires alors que ceux-ci travaillent déjà, en moyenne, plus de 42 h par semaine. Suppressions de postes, services partagés entre plusieurs établissements, effectifs par classe en hausse, augmentation du nombre de classes par enseignant, en bref des conditions de travail et d’apprentissage dégradées une nouvelle fois : l’écart entre paroles rassurantes et actes inquiétants nourrit la colère sur fond d’austérité salariale, de menaces sur les statuts et d’attaques contre l’ensemble des salariés. Et comme si cela ne suffisait pas, le ministre veut faire taire toute contestation. Ainsi, le projet de loi dite de la « confiance » laisse brandie la menace de sanctions envers ceux qui useraient un peu trop de la parole. La FSU demande le retrait de ces projets.
Pour ce qui est de la préparation de la rentrée prochaine, notre académie subit une saignée de moins 82 emplois dont les collèges vont payer un lourd tribut avec moins 41,5 ETP. C’est du jamais vu ! Le département du Puy-de-Dôme est lourdement ponctionné puisque c’est l’équivalent de 36 ETP qui risquent de disparaître à la rentrée prochaine alors même que l’on attend 214 élèves supplémentaires, et sans doute davantage. La DHG globale initiale passe de 27 784,82 h à 27 549,5 h, soit une baisse de 235,32 h mais, si l’on tient compte de la rallonge que le ministère a dû attribuer en juin 2018, soit + 352,5 h qui a permis l’ouverture de 21 divisions supplémentaires, c’est en réalité une baisse de 648, 82 h et une perte de 17 divisions que notre département enregistre. C’est absolument considérable !
Le H/E va donc encore une fois baisser, ce qui se traduira par une augmentation du nombre d’élèves par division, dans des proportions très inquiétantes pour certains collèges. Ainsi avons-nous recensé 16 collèges avec des classes de 6e à 29/30 élèves, 8 collèges avec des classes de 5e à 29/30, 12 collèges avec des classes de 4e à 29/30, 14 collèges avec des classes de 3es à 29/30, dont 6 collèges qui auront au moins 3 niveaux avec des classes à plus de 30 élèves. Nous souhaitons tout de même rappeler que tous les établissements, que la FSU avait identifiés lors de l’examen des DHG l’an dernier, dont les effectifs prévisionnels atteignaient 30 élèves par niveau, ont dû être dotés d’une division supplémentaire en juin pour que la rentrée 2018 puisse se tenir dans des conditions correctes. Cette année, un nouveau cap est franchi puisque le seuil des 30 élèves par classe n’est même plus respecté comme cela nous a été confirmé en CTA.
A noter que l’éducation prioritaire n’est pas épargnée non plus, le collège La Charme enregistrant une baisse de 28,91 h et la perte de 2 divisions pour 5 élèves en plus, le collège Albert Camus et le collège Louise Michel de Maringues, établissement soutenu, voyant sa dotation amputée de 40 h pour 13 élèves en plus. Les représentants FSU interviendront au cours de ce CTSD sur tous les collèges dont la rentrée 2019 s’annonce difficile voir infaisable.
Dans ce contexte, nous déplorons d’autant plus l’insuffisance de la marge d’autonomie qui contraint les personnels à faire des choix locaux, au prix d’arbitrages difficiles, qui mettent en concurrence les disciplines. Pour la FSU, les heures de latin, de chorale, de langues et cultures européennes, entre autres, devraient être fléchées, ceci afin de dégager dans chaque établissement la possibilité de faire davantage de dédoublements et de travailler en groupes. Ceci serait utile et profitable aux élèves comme le montre l’évaluation récente des dédoublements des classes de CP en REP+ : progrès des élèves, besoins mieux identifiés par les enseignants et meilleure dynamique de classe. Décidément, les élèves du secondaire ne sont pas la priorité de ce gouvernement !
Enfin, si nous prenons acte de la décision de ne pas fermer de petits collèges ruraux à la rentrée prochaine dans notre département, nous ne pouvons clore cette déclaration sans évoquer l’ouverture d’un collège international. Outre les doutes et les questions qu’elle suscite notamment en termes de dotation, d’étiquetage et de pourvoi des postes, de publics, etc., le risque est grand pour certains collèges du même secteur d’entériner une fuite d’élèves vers cet établissement avec comme conséquence une mixité sociale en net recul. La FSU ne peut l’accepter !