Au 4 juillet, déjà 1841 postes non pourvus à l’externe et au 3e concours sur 7 450 postes offerts au CAPES, au CAPET et à l’agrégation.
Le ministère a changé les concours en 2022, mais le bilan reste le même : des centaines de postes sont perdus pour la rentrée 2023 car la crise du recrutement ne fait que s’aggraver. Même s’il manque quelques résultats, le constat est sans appel. Il faut rappeler qu’un rapport de la DARES et de France Stratégie estime à 329 000 le nombre de nouveaux entrants qu’il est nécessaire de recruter dans le premier et le second degré entre 2019 et 2030 uniquement pour pallier les départs en retraite prévisibles…
La crise de recrutement s’accroît et s’étend à de nouvelles disciplines.
Les difficultés de recrutement ne sont plus circonscrites aux quelques disciplines notoirement en crise comme l’allemand, les lettres classiques, la musique…
Il y a deux ans, en 2021 (dernière session « classique » avant le « trou d’air » de 2022, année de la réforme de Blanquer), 26 concours externes ne faisaient pas le plein : 12 au CAPES-T externe, 8 au 3e concours du CAPES-T, 4 à l’agrégation externe et enfin, deux à l’agrégation spéciale. A la session 2023, on compte au moins 39 concours externes concernés, soit 19 au CAPES-T externe, 11 au 3e concours du CAPES-T, 8 à l’agrégation externe et 1 à l’agrégation spéciale.
De plus, même si l’attractivité de l’agrégation externe reste meilleure que celle du CAPES-T, elle se dégrade : 1,5 % des postes ne sont pas pourvus. Il y observe également une baisse du nombre d’inscrits : en 2021, 20675 inscrits à toutes les agrégations contre 18439 inscrits en 2023 soit une baisse de 10,8%.
L’apport du 3e concours reste marginal et les difficultés à recruter s’y manifestent de plus en plus et dans presque toutes les disciplines… Pour l’instant, le vivier des reconversions auquel le ministère est attaché n’est pas à la hauteur de ses espérances.
Des postes supplémentaires sont perdus à cause des doubles admissions.
Le SNES-FSU a écrit cette année à l’ensemble des jurys pour les inviter à dresser des listes complémentaires, notamment pour compenser les doubles admissions et les désistements.
Faute de liste complémentaire, les disciplines qui, à première vue, ont fait le plein, perdent malgré tout des postes lorsqu’on examine en détail les résultats. Pour la session 2023, nous avons en effet recensé à ce jour 166 doubles admissions dans les mêmes disciplines du général et technologique, en attendant les derniers résultats en fin de semaine. C’est le cas en SVT : tous les postes des cinq concours nationaux sont, sur le papier, pourvus, mais sur 260 admis au CAPES externe, 30 le sont aussi à l’Agrégation. Sans liste complémentaire, au lieu de recruter comme prévu 337 profs en SVT à l’externe, il n’y en aura que 307, et c’est sans compter sur les démissions avant la rentrée.
En Lettres modernes, c’est la double peine . On pense avoir recruté 606 lauréats au CAPES externe, pour 755 postes offerts. Mais sur les 606, 28, étant aussi pris à l’Agrégation, se désisteront du CAPES. A la rentrée, les élèves ne verront pas arriver 606 certifiés stagiaires, mais seulement 578. Au 149 postes non pourvus au concours il faut donc ajouter 28 postes.
Une réforme de la formation qui accompagne la crise des recrutements au lieu d’y répondre.
La réforme de la formation des enseignants, en alourdissant l’année de préparation pour les inscrits en master MEEF, nécessiterait un réel bilan statistique pour connaître ses incidences sur la crise actuelle des recrutements. Mais le ministère ne communique aucun chiffre sur le taux de réussite aux concours des Étudiants Contractuels Alternants (ECA) et des Stagiaires en Observation et Pratique Accompagnée (SOPA), qui sont les deux nouveaux dispositifs en M2 MEEF. Aucune information précise non plus sur le nombre de démissions de ces étudiants au cours de l’année de M2 MEEF. Nous avons même du mal à nous procurer le nombre de contrats proposés dans chaque académie en fonction des disciplines.
Même problème pour les AED en préprofessionnalisation, dispositif phare du quinquennat de J.-M. Blanquer, pour lequel personne ne parvient à obtenir le nombre de contrats signés ces quatre dernières années. Ce qui pourrait s’apparenter à un dispositif rémunérant les études de celles et ceux qui se destinent à nos métiers et pourrait constituer une réponse à la crise actuelle ressemble surtout à une opération de communication ministérielle tant le nombre de contrats est marginal comparé aux postes ouverts aux concours.
Aucune réponse structurelle n’est pour l’instant proposée pour répondre à la précarité financière des étudiants qui se destinent aux métiers d’enseignement : ni bourse d’étude à la hauteur des besoins, ni statut permettant d’étudier en étant rémunéré afin d’encourager les étudiants à s’orienter vers nos métiers, comme c’est le cas pour les métiers dits « en tension ». Pire, le dispositif SOPA en M2 rend presque impossible le cumul avec un emploi étudiant, alors qu’il n’accorde qu’une gratification de 126 euros mensuels, parfois payée très en retard.
Nous réaffirmons l’importance d’établir des listes complémentaires pour tous les concours internes et externes, ainsi que l’importance d’annoncer le nombre de postes avant la clôture des période d’inscriptions. Le manque d’attractivité des métiers de l’enseignement exige une profonde refonte de la formation des enseignants, ainsi qu’une autre politique salariale à l’Éducation nationale, le respect des missions et une amélioration des conditions de travail. Le SNES-FSU porte haut et fort ces exigences pour le service public d’Éducation.