E n cette rentrée où revient le slogan du « travailler
plus… » martelé à tout bout de champs, en cette rentrée
où les crédits pour les HSE sont déversés sur les établissements,
c’est encore 48% des non titulaires enseignants des
disciplines générales, documentalistes, Co-Psy et CPE qui
sont au chômage. Et encore, ce pourcentage est-il totalement
trompeur puisque la réalité c’est, qu’une fois la situation
analysée de près, c’est en fait 7,2% seulement des
130 collègues réemployés qui sont les « heureux bénéficiaires
» d’un temps complet et pour l’année (c’est-à-dire,
18 enseignants sur les 247 candidats au réemploi). La généreuse
manne du Rectorat fait qu’à ce jour, les autres
collègues réemployés le sont sur des petits morceaux de
temps, sur des durées courtes, cumulant plusieurs établissements,
ou alors comme vacataires payés à l’heure. Peu
importe l’ancienneté, l’expérience acquise, la disponibilité
exigée d’eux par une administration toujours plus
« gestionnaire » des ressources humaines et qui ne sait que
répéter « ils n’ont qu’à passer les concours ». Cette année,
dans notre académie, 21 non titulaires sur 302 ont été titularisés,
(il y avait 400 postes au niveau national). Ce nombre
dérisoire montre l’immense intérêt porté aux élèves
qui ont besoin d’enseignants, aux enseignants titulaires à
qui l’on demande toujours plus et aux non titulaires que
l’on met à la porte ou au mieux que
l’on « réemploie » généreusement pour
quelques miettes…
Le cynisme est de mise pour ce
gouvernement qui tente de faire avaler
que la suppression de 8 700 postes de
titulaires, la mise au chômage des non
titulaires et l’accroissement de la charge
de travail des personnels en poste, irait de
pair avec l’amélioration de la qualité du
système éducatif. Mais de quel système
éducatif ? Celui qui met en oeuvre tous
les moyens pour faire en sorte que chaque élève trouve sa
place à l’école, en fonction de son rythme d’apprentissage,
celui qui a pour vocation de remédier aux difficultés des
élèves en étant capable de les anticiper ? Ou bien celui qui
se contenterait d’apporter le « kit » de survie baptisé pompeusement
socle commun dans des conditions dégradées,
à charge pour les plus « méritants » de forcer leur destinée
(y compris en recourant de plus en plus aux officines privées).
Bref, ce système qui pourrait « optimiser » les ressources
que nous serions amenés à mettre en oeuvre,
aboutissant à un enseignement desséché et caporalisé.
La situation des non titulaires qui cette année sont
réemployés pour quelques semaines ou quelques heures, la
situation des TZR mais aussi celle de nombreux collègues
en poste auxquels on fait injonction de travailler plus,
montrent plus que jamais l’urgence de se mobiliser tous
ensemble, titulaires et non titulaires pour ne pas laisser se
généraliser les effets d’une telle politique.
F. Montagnac - Valérie Dadi