Le Ministère avait occulté l’examen du Brevet des collèges au moment de prononcer certains aménagements d’épreuves pour la session de juin 2021, comme le dénonçait le SNES-FSU, fin mai. Mais comment se douter que le déni des perturbations liées à la situation sanitaire irait aussi loin ?
Un sujet vissé au programme de Quatrième !
Certes, il est stipulé dans le Bulletin Officiel que, pour la première partie de l’épreuve, les « textes littéraires, qui servent de support […], sont empruntés aux programmes des classes de troisième ou de quatrième », mais c’est faire preuve d’un grave manque de discernement que de proposer, cette année particulièrement, un extrait romanesque et des sujets de rédaction centrés sur le fantastique.
La commission nationale d’élaboration des sujets et le ministère ont-ils oublié que l’année dernière a été bouleversée par la crise sanitaire ? Les témoignages et les études n’ont visiblement pas été assez nombreux ni parlants pour convaincre l’institution que les inégalités s’étaient cruellement renforcées avec l’expérience inédite pour les élèves, les familles et les professeurs d’un travail à distance courant sur tout un trimestre.
Des candidats sont donc interrogés sur un objet d’étude qui n’aura pas forcément pu être étudié en classe l’année dernière ! Non seulement certains élèves auront été pénalisés dans les questions portant explicitement sur le registre fantastique mais ils le seront encore pour la rédaction, notée sur 40 points : le sujet d’imagination demande implicitement la description d’une atmosphère fantastique et il faut des exemples, des références précis pour traiter le sujet de réflexion sur le surnaturel et l’étrange. C’est l’égalité des chances entre les candidats qui est balayée par le choix d’un tel sujet !
C’est également le travail de toute l’année de Troisième qui est méprisé. Honteux, révoltant, scandaleux, stupéfiant… Les jugements des professeurs de Lettres sur l’épreuve proposée sont unanimes. À quoi cela aura-t-il servi de se démener pour préparer les élèves aux thématiques du programme de Troisième et à l’argumentation ? La question est dans toutes les têtes. D’autant plus que les questions de grammaire se concentrent sur des notions généralement abordées en cinquième ou, au mieux, en quatrième.