Seulement 27,5% de grévistes selon le rectorat !
Pratiquement 40% selon les sondages effectués par le SNES-FSU dans des collèges de l’académie !
Mardi 19 mai 2015, les professeurs des collèges étaient appelés à cesser le travail par une intersyndicale représentant 87 % des suffrages exprimés lors des élections professionnelles de décembre 2014.
Un grand nombre de professeurs a répondu à cet appel en se mettant en grève pour exprimer son opposition à la réforme NVB du collège.
Dans un contexte où les raisons de ne pas faire grève abondent : coût financier de la grève, volonté de terminer les programmes avant les examens, refus de l’instrumentalisation tentée par l’opposition politique, sentiment d’être en présence d’une classe politique incapable d’écouter les objections et remarques émanant de la société civile, campagne médiatique en faveur du projet ministériel, un grand nombre de professeurs a malgré tout décidé de se mobiliser pour exprimer son refus de cette réforme. Ils refusent notamment la diminution des horaires disciplinaires par le biais de l’introduction de l’Accompagnement Personnalisé et de l’Enseignement Pratique Interdisciplinaire, la mise en concurrence des disciplines, la globalisation d’enseignements (« enseignements artistiques », « sciences et technologie » en Sixième), la suppression d’options (classes bilangues, sections européennes), la mise à mal des Langues anciennes et des Langues régionales. Sous couvert d’autonomie, ils refusent le renforcement du pouvoir du chef d’établissement et du conseil pédagogique sur les personnels, par le biais de la définition locale des programmes, des horaires disciplinaires et des projets interdisciplinaires, le tout pour chaque niveau et cycle.
Pour travailler de manière différenciée et traiter la difficulté scolaire dans la classe, nous avons besoin d’effectifs par classe plus faibles, d’effectifs dédoublés.
Pour construire une interdisciplinarité choisie par les équipes éducatives au bénéfice des élèves, nous avons besoin de temps de concertation dans notre service, comme il va en exister en REP+ à la rentrée 2015.
Pour assurer un cadre clair et stable à tous les élèves, nous avons besoin de programmes annuels communs à tous les collèges.
Dans ce contexte, le gouvernement doit entendre l’avis des professionnels qui pratiquent le métier au quotidien et qui font fonctionner le service public d’éducation. Le projet doit être retiré et les discussions doivent reprendre sur d’autres bases car il y a urgence à bien réformer le collège : il ne suffit pas de tenir des discours pour combattre l’échec scolaire, les inégalités scolaires et le déterminisme social. Il faut prendre les bonnes mesures, celles qui marchent, celles qui mobilisent la profession dans un projet partagé.
Le gouvernement choisira-t-il de passer en force et de faire la sourde oreille, faisant mine de croire que les professeurs mobilisés ne seraient que des conservateurs ? Ce serait alors une victoire à la Pyrrhus, pour une majorité qui se couperait alors durablement des professeurs et qui se priverait du soutien de ceux qui, concrètement, en dernier ressort, détiennent les clefs du succès ou de l’échec de cette réforme. Il porterait alors une lourde responsabilité tant vis-à-vis des personnels que des élèves et de leur avenir.